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Tristan et Yseut

by Tristan
ebook

Tristan de Béroul


... qu'il ne fasse semblant de rien. Elle s'approche de son ami. Ecoutez comme elle prend les devants : "Tristan, pour Dieu le roi de gloire, vous vous méprenez, qui me faites venir à cette heure ! " Elle feint alors de pleurer...
"Par Dieu, créateur des éléments, ne me donnez plus de tels rendez-vous. Je vous le dis tout net, Tristan, je ne viendrai pas. Le roi croit que j'ai éprouvé pour vous un amour insensé, mais, Dieu m'en soit témoin, je suis loyale : qu'Il me frappe si autre homme que celui qui m'épousa vierge fut jamais mon amant ! Les félons de ce royaume que vous avez sauvé en tuant le Morholt peuvent toujours lui faire croire à notre liaison, car c'est leur faute, j'en suis sûre : mais, Seigneur Tout Puissant, vous ne pensez pas à m'aimer, et je n'ai pas envie d'une passion qui me déshonore. Que je sois brûlée vive et qu'on répande au vent ma cendre, plutôt que je consente à trahir mon mari même un jour ! Hélas ! le roi ne me croit pas ! J'ai lieu de m'écrier : Tombée de haut ! Salomon dit vrai : ceux qui arrachent le larron du gibet s'attirent sa haine ! Si les félons de ce royaume..." "... Ils feraient mieux de se cacher. Que de maux avez-vous soufferts, quand vous fûtes blessé lors du combat contre mon oncle ! Je vous ai guéri. Si vous m'aviez alors aimée, c'eût été normal ! Ils ont suggéré au roi que vous étiez mon amant. Si c'est ainsi qu'ils croient faire leur salut ! ils ne sont pas près d'entrer au paradis. Tristan, ne me faites plus venir nulle part, pour rien au monde : je n'oserai y consentir. Mais sans mensonge, il est temps que je m'en aille. Si le roi le savait, il me soumettrait au supplice, et ce serait fort injuste : oui, je suis sûre qu'il me tuerait. Tristan, le roi ne comprend pas non plus que si j'ai pour vous de l'affection, c'est à cause de votre parenté avec lui : voilà la raison de mon estime. Jadis, je pensais que ma mère chérissait toute la famille de mon père, et je l'entendais dire qu'une épouse n'aimait pas son mari lorsqu'elle montrait de l'antipathie à ses parents. Oui, je le sais bien, elle disait vrai. C'est à cause de Marc que je t'ai aimé, et voilà la raison de ma disgrâce...


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Publisher: eBooksLib

OverDrive Read

  • ISBN: 9781412195287
  • Release date: August 28, 2009

EPUB ebook

  • ISBN: 9781412195287
  • File size: 330 KB
  • Release date: August 28, 2009

Formats

OverDrive Read
EPUB ebook

Languages

French

Tristan de Béroul


... qu'il ne fasse semblant de rien. Elle s'approche de son ami. Ecoutez comme elle prend les devants : "Tristan, pour Dieu le roi de gloire, vous vous méprenez, qui me faites venir à cette heure ! " Elle feint alors de pleurer...
"Par Dieu, créateur des éléments, ne me donnez plus de tels rendez-vous. Je vous le dis tout net, Tristan, je ne viendrai pas. Le roi croit que j'ai éprouvé pour vous un amour insensé, mais, Dieu m'en soit témoin, je suis loyale : qu'Il me frappe si autre homme que celui qui m'épousa vierge fut jamais mon amant ! Les félons de ce royaume que vous avez sauvé en tuant le Morholt peuvent toujours lui faire croire à notre liaison, car c'est leur faute, j'en suis sûre : mais, Seigneur Tout Puissant, vous ne pensez pas à m'aimer, et je n'ai pas envie d'une passion qui me déshonore. Que je sois brûlée vive et qu'on répande au vent ma cendre, plutôt que je consente à trahir mon mari même un jour ! Hélas ! le roi ne me croit pas ! J'ai lieu de m'écrier : Tombée de haut ! Salomon dit vrai : ceux qui arrachent le larron du gibet s'attirent sa haine ! Si les félons de ce royaume..." "... Ils feraient mieux de se cacher. Que de maux avez-vous soufferts, quand vous fûtes blessé lors du combat contre mon oncle ! Je vous ai guéri. Si vous m'aviez alors aimée, c'eût été normal ! Ils ont suggéré au roi que vous étiez mon amant. Si c'est ainsi qu'ils croient faire leur salut ! ils ne sont pas près d'entrer au paradis. Tristan, ne me faites plus venir nulle part, pour rien au monde : je n'oserai y consentir. Mais sans mensonge, il est temps que je m'en aille. Si le roi le savait, il me soumettrait au supplice, et ce serait fort injuste : oui, je suis sûre qu'il me tuerait. Tristan, le roi ne comprend pas non plus que si j'ai pour vous de l'affection, c'est à cause de votre parenté avec lui : voilà la raison de mon estime. Jadis, je pensais que ma mère chérissait toute la famille de mon père, et je l'entendais dire qu'une épouse n'aimait pas son mari lorsqu'elle montrait de l'antipathie à ses parents. Oui, je le sais bien, elle disait vrai. C'est à cause de Marc que je t'ai aimé, et voilà la raison de ma disgrâce...


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